GOOD LIFE

Sleep More and Sleep Better

Le manque de sommeil, le mal du siècle ?

Certains pensent, à tort, qu’en dormant moins on vit plus… Erreur : les nuits trop courtes nous font du mal. Gourous du dodo, chefs d’entreprise et scientifiques se mobilisent. Réveillons-nous contre la fatigue

«Wake up! Réveillez-vous, car il est urgent que vous réappreniez à dormir !» Arianna Huffington ne rigole pas. Elle se montre même intransigeante sur le sujet : «Dormir est non négociable. C’est peut-être la seule chose d’ailleurs qui ne le soit pas !» En quelques mois, l’ex-patronne fondatrice du Huffington Post s’est imposée comme le nouveau gourou du sommeil. «Une évangéliste plutôt…», préfère-t-elle dire. Depuis la sortie de son livre, The Sleep Revolution, traduit en français cet automne (La Révolution du sommeil, éditions Fayard), l’agenda d’Arianna Huffington explose : conférences, interventions, colloques, lectures…, elle prêche la bonne parole partout dans le monde auprès de dormeurs contrariés, qui appartiennent d’abord à la sphère du business et/ou de la politique. «Dormez et vous serez plus heureux, clame-t-elle. En meilleure santé. Plus productifs.»

 

Un discours qui peut sembler ridicule tant il est évident. La brillantissime businesswoman se paierait-elle notre tête ? Sûrement pas. Arianna Huffington pointe ce que les scientifiques qualifient de mal du siècle : le manque de sommeil. Les études, qu’elles proviennent des États-Unis ou d’Europe, sont catégoriques : nous dormons de moins en moins.

 

Entre 7h30 et 9 heures de sommeil pour une nuit réparatrice

Selon l’Institut national du sommeil et de la vigilance,nous avons perdu 1h30 de sommeil sur les cinquante dernières années, connexions obligent… Un Français dort en moyenne 6h48, quand les experts préconisent entre 7h30 et 9 heures de sommeil pour une nuit réparatrice. «Nous ne sommes pas si loin du compte. Ça n’est pas si grave…» Détrompez-vous ! Le manque de sommeil accumulé peut engendrer de sérieux problèmes de santé, explique Hope Bastine, psychologue du sommeil. «Le système immunitaire se rebooste pendant la nuit, si vous le privez de repos, il ne fabriquera pas les défenses nécessaires pour combattre les attaques extérieures. Idem pour la fertilité. Des études danoises ont récemment révélé que le manque de sommeil avait un impact sur la fertilité masculine et féminine, et engendrait des problèmes de tension artérielle, d’obésité et de dépression…»

Selon la psychologue, cet état de jet lag permanent empêche le cerveau d’effectuer son nettoyage quotidien, c’est-à-dire le tri parmi les informations accumulées tout au long de la journée. La conséquence sans appel se nomme burn-out. Un point sur lequel Arianna Huffington – ayant fait un burn-out en 2007 – insiste lors de ses colloques. «Mon corps a lâché», explique-t-elle. Une sonnette d’alarme qu’elle a eu l’intelligence d’entendre. Arianna rencontre les plus grands spécialistes, écoute les scientifiques. «Notre société fait tout à l’envers, a-t-elle désormais l’habitude de dire. Elle sous-entend que pour réussir il faut travailler non-stop, en limitant les tranches de sommeil. Combien de fois peut-on entendre : “dormir, c’est mourir” ?» Autant de dictons à oublier net. «Nous avons besoin au minimum de 7 heures de sommeil pour être opérationnel, rappelle Hope Bastine. Seul 1 % de la population est génétiquement programmé pour dormir 4 à 5 heures par nuit.» Même si Emmanuel Macron assure en faire partie, 1 %, c’est très très peu.

La réussite par le sommeil

Dormir moins pour travailler plus serait donc une hérésie. Arianna Huffington prône une tout autre technique : la réussite par le sommeil. «Dormez, et vous serez créatifs et productifs !», dit-elle, micro à la bouche, devant des parterres de businessmen et de businesswomen lors de ses colloques. La chef d’entreprise applique elle-même de nouvelles règles au sein de son entreprise Thrive Global, nichée dans le quartier de SoHo à Manhattan. Elle a investi dans des nap rooms, pièces dédiées au repos avec installation de matelas et de nap pods : on y trouve donc ces sortes de chaises longues surmontées d’un énorme casque rétractable dans lequel on s’isole pour dormir quelques minutes en pleine journée. Si ce type d’installation ne s’est pas encore généralisé, nombreuses sont les entreprises (surtout américaines) à encourager leurs employés à dormir. Certaines vont même jusqu’à donner une prime de fin d’année aux bons dormeurs. Si, si ! C’est le cas de l’assureur américain Aetna. Son directeur promet une prime de 25 dollars par nuit à tout employé qui enchaîne vingt nuits de 7 heures de sommeil minimum. Les volontaires sont alors équipés d’un bracelet connecté Fitbit qui calcule leur activité cardiaque. «C’est une façon d’inciter mes employés à mieux dormir pour mieux travailler, explique le patron sur CNBC. Après tout, qui peut se targuer de prendre de bonnes décisions à moitié endormi ?» Un vrai changement de mentalité.

Eldorado commercial ?

Le sommeil… nouvel eldorado commercial ? On ne compte plus les objets visant à améliorer, favoriser, encourager le dodo. Premier en tête de liste, le matelas. Les marques rivalisent d’ingéniosité pour mettre au point le petit bijou qui nous envoie direct dans les bras de Morphée. La marque Simba, et son fameux matelas Hybrid avec mousse à mémoire de forme, affole la Toile. Le marché du masque de nuit explose. Normal, les experts clament haut et fort qu’il est recommandé de dormir dans le noir complet pour favoriser le sommeil profond.

Dans certains boutiques-hôtels comme Le Pigalle à Paris, l’article trône désormais à côté du peignoir. Les globe-trotteuses chics et branchées ne jurent plus que par Neuroon, un masque connecté qui favorise l’endormissement en avion. Sans parler du bandeau Dreem mis au point par Hugo Mercier, soutenu par Xavier Niel. L’idée de ce petit génie de 25 ans ? Mettre au point un bandeau intelligent doté de capteurs d’activité cérébrale qui analyseraient le sommeil afin de l’améliorer. Bien plus efficace qu’un Lexomil, paraît-il…

En librairie, la liste des ouvrages sur le sujet deviendrait presque un somnifère à elle seule tant elle est longue : Quand le sommeil nous éveille (éditions Solar), Éloge du sommeil à l’usage de ceux qui l’ont perdu(Seuil), Why We Sleep (Scribner) … Idem pour les applications censées améliorer le sommeil : Sleep Better, I Sommeil, Holi Sleep Companion… Il en existe aujourd’hui pas moins de 5 000 classées dans la rubrique sommeil. Instagram propose quelque 15 millions de photos répertoriées sous le hashtag #sommeil, mais le dernier hashtag qui fait mouche est #bedgasm, soit la contraction des mots anglais bed etorgasm. Eh oui, dans le monde merveilleux du sommeil, il semblerait que la dernière façon de prendre son pied soit de se photographier/faire photographier en train… de roupiller !

Entre 7h30 et 9 heures de sommeil pour une nuit réparatrice

Selon l’Institut national du sommeil et de la vigilance,nous avons perdu 1h30 de sommeil sur les cinquante dernières années, connexions obligent… Un Français dort en moyenne 6h48, quand les experts préconisent entre 7h30 et 9 heures de sommeil pour une nuit réparatrice. «Nous ne sommes pas si loin du compte. Ça n’est pas si grave…» Détrompez-vous ! Le manque de sommeil accumulé peut engendrer de sérieux problèmes de santé, explique Hope Bastine, psychologue du sommeil. «Le système immunitaire se rebooste pendant la nuit, si vous le privez de repos, il ne fabriquera pas les défenses nécessaires pour combattre les attaques extérieures. Idem pour la fertilité. Des études danoises ont récemment révélé que le manque de sommeil avait un impact sur la fertilité masculine et féminine, et engendrait des problèmes de tension artérielle, d’obésité et de dépression…»

Selon la psychologue, cet état de jet lag permanent empêche le cerveau d’effectuer son nettoyage quotidien, c’est-à-dire le tri parmi les informations accumulées tout au long de la journée. La conséquence sans appel se nomme burn-out. Un point sur lequel Arianna Huffington – ayant fait un burn-out en 2007 – insiste lors de ses colloques. «Mon corps a lâché», explique-t-elle. Une sonnette d’alarme qu’elle a eu l’intelligence d’entendre. Arianna rencontre les plus grands spécialistes, écoute les scientifiques. «Notre société fait tout à l’envers, a-t-elle désormais l’habitude de dire. Elle sous-entend que pour réussir il faut travailler non-stop, en limitant les tranches de sommeil. Combien de fois peut-on entendre : “dormir, c’est mourir” ?» Autant de dictons à oublier net. «Nous avons besoin au minimum de 7 heures de sommeil pour être opérationnel, rappelle Hope Bastine. Seul 1 % de la population est génétiquement programmé pour dormir 4 à 5 heures par nuit.» Même si Emmanuel Macron assure en faire partie, 1 %, c’est très très peu.

voir plus – goo.gl/4pCPUH

Font: lefigaro.fr
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