Jean-Louis David
Jean-Louis David, l’entrepreneur qui a construit un empire
Par Claudia Cohen AFP, Reuters Agences Mis à jour le 04/04/2019
Entrepreneur de la première heure et homme d’affaires redoutable, le pionnier français de la coiffure franchisée a bâti tout au long de sa vie une entreprise d’envergure.
Le monde de la coiffure est en deuil. Le pionnier français de la coiffure franchisée et inventeur du «dégradé» s’est éteint mercredi 3 avril, en Suisse, à l’âge de 85 ans. En démocratisant la coiffure «à la chaîne», le coiffeur star et homme d’affaires a construit tout au long de sa vie un véritable empire du style chic et tendance. Des centaines de salons de coiffure arborant son nom dans le monde aux innombrables produits de cosmétiques vendus dans les salons et les supermarchés, cette étoile de la coiffure laisse derrière lui une image d’homme d’affaires redoutable.
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Après plus de 50 ans passés à chérir le groupe Jean-Louis David, l’homme vendit sa marque en 2002. Retour sur le succès fulgurant d’un artisan coiffeur.
Un jeune entrepreneur aux ambitions assumées
À l’aube de ses 25 ans, le jeune entrepreneur ouvre dans les années 1950 le premier salon de coiffeur à son nom dans le 17e arrondissement de la capitale. Quelques années plus tôt, Jean-Louis David s’était fait un nom en coiffant l’actrice hollywoodienne héroïne de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock, dans le salon Gabriel Garland détenu par le propriétaire de la revue de cinéma Cinémonde. «À 20 ans, j’ai eu la chance de couper les cheveux de Kim Novak», racontait-il en 2013 au journal suisse Bilan.
Propulsé par le succès de la coupe «dégradée», qu’il crée en 1970 et qui fut considérée comme une véritable révolution dans le monde de la coiffure, le système Jean-Louis David adopte son rythme de croisière, les ouvertures de salons dans l’Hexagone et en Europe se succédant au fil des ans. Le businessman se distingue également par différentes innovations telle que la résille, technique particulière de décoloration. Après avoir coiffé les plus grandes stars qui défilent sur la Croisette au festival de Cannes, le coiffeur s’essaye aussi à la photographie dans les années 1970 auprès des plus grands tel que Helmut Newton.
Pionnier français de la coiffure franchisée
Mais c’est en 1974 que l’empire du businessman prend un nouveau tournant. Alors que Jean-Louis David quitte la France pour s’installer aux États-Unis, il y découvre le modèle de la franchise. Deux ans plus tard, l’entrepreneur crée le groupe Jean-Louis David et invente le premier système de franchise de salons de coiffure. Le groupe est positionné sur le créneau «abordable», avec des coupes proposées pour une vingtaine d’euros. L’opération est un grand succès et Jean-Louis David supervise la publicité, les décors et les vidéos de formation de ses franchisés. La marque reste ainsi sous la coupe de son fondateur, volontiers autoritaire et qui de son propre aveu «n’aime pas travailler en groupe».
En 1994, plus de 1.000 devantures de salons dans le monde affichent l’enseigne Jean-Louis David. L’entrepreneur français multiple alors les conférences rémunérées à travers le globe, pour prodiguer ses conseils de gestion et de style. Et outre ses centaines de salons, ses gammes de produits cosmétiques, et plus particulièrement de produits capillaires vendus en grande surface, alimentent le portefeuille du groupe qui s’associe notamment avec L’Oréal afin d’étendre sa conquête des supermarchés.